La crise sanitaire liée à la COVID-19 s’est accompagnée d’une mobilisation des chercheurs sans précédents. Malheureusement, la dispersion des moyens à l’échelle mondiale et nationale, l’explosion du nombre d’études ainsi que la publication hâtive de données souvent anecdotiques et non reproductibles, parfois contradictoires et même frauduleuses ont contribué à altérer l’image de la science brisant ainsi la confiance des citoyens dans une médecine déjà contestée. De nombreux articles, souvent mis en ligne sans évaluation, ont été rétractés même dans des revues prestigieuses comme The Lancet.

En France, les résultats surmédiatisés du groupe IHU Méditerranée ont été à l’origine d’un emballement mondial pour l’hydroxychloroquine dans la lutte contre la COVID-19. L’étude initiale (Lire), publiée en 24h dans une revue où l’un des auteurs est le Rédacteur en Chef, a fait l’objet d’un nombre considérable de critiques conduisant le groupe Elsevier à envisager sa rétractation. Une évaluation indépendante (Lire), réalisée à la demande de la revue mais publiée 3 mois plus tard, conclut notamment :

« This study suffers from major methodological shortcomings which make it nearly if not completely uninformative. Hence, the tone of the report, in presenting this as evidence of an effect of hydroxychloroquine and even recommending its use, is not only unfounded, but, given the desperate demand for a treatment for Covid-19, coupled with the potentially serious side-effects of hydroxychloroquine, fully irresponsible »

Au delà de cet exemple et dans un climat particulièrement délétère, un collectif de chercheurs et professionnels de santé a publié une tribune alertant sur les dérives du système de publications scientifiques (Lire). Cette tribune interpelle les responsables politiques et les instances décisionnelles et réclame des mesures radicales concernant le respect de l’intégrité scientifique et l’évaluation de la recherche. Un sondage récent (Lire) révèle qu’environ 1 français sur 2 seulement fait confiance au conseil scientifique mis en place par le gouvernement et déclare souhaiter prendre de l’hydroxychloroquine en cas de COVID-19.

Face à ce délitement de la science et de la médecine dans une société exigeante et fragmentée, il devient urgent de réagir. Le silence devient coupable.