Les macrolides, antibiotiques utilisés pendant la grossesse, seraient liés à un risque de malformations fœtales. Fréquemment utilisés dans le traitement de maladies infectieuses, les macrolides (érythromycine, clarithromycine et azitromycine) sont souvent considérés comme sûrs, notamment chez les femmes enceintes. Cette bonne sécurité d’emploi pendant la grossesse est remise en cause par une étude d’envergure publiée dans le British Medical Journal […]. Cette étude de cohorte a porté sur 104.605 enfants nés au Royaume Uni (Clinical Practice Research Datalink). Les mères devaient avoir reçu en monothérapie un macrolide ou une pénicilline entre la 4ième semaine de gestation et la délivrance. Globalement, les malformations fœtales étaient plus nombreuses chez les enfants de mères ayant reçu un macrolide (22 cas/1.000)  comparés à ceux de mères traitées par pénicilline (17 cas/1.000). La prescription de macrolide pendant le 1er trimestre de la grossesse était associé à un risque accru de malformations majeures (27 versus 18 cas/1.000, risque relatif : 1.55 ; intervalle de confiance : 1.19-2.03) et en particulier de malformations cardiaques.

Commentaires

Cette étude, réalisée avec une bonne puissance statistique (plus de 100.000 enfants), semble avoir été bien conduite. Le risque de malformation est maximum au 1er trimestre  (période sensible dans l’organogenèse) et des analyses de sensibilité montrent la robustesse des résultats, notamment dans le sous-groupe de femmes présentant une infection respiratoire. De plus, aucune association n’est retrouvée lorsqu’un macrolide est prescrit avant la conception. Néanmoins, dans cette étude d’observation, l’interprétation causale des résultats reste problématique en sachant qu’il est très difficile de séparer une toxicité des macrolides et un effet de l’infection elle-même sur le fœtus (biais d’indication).

En pratique, il n’existe pas de recommandations spécifiques concernant les macrolides pendant la grossesse dans la plupart des pays, notamment en France. Néanmoins, dans l’attente de prochaines études, la prudence s’impose et une évaluation du rapport risque/bénéfice doit être préalable à toute prescription.