Le cancer du sein est la première cause de décès par cancer chez les femmes en Europe. A côté du dépistage individuel, des programmes par mammographie systématique sont organisés dans les pays européens depuis de nombreuses années en ciblant généralement les femmes âgées de 50 à 59 ans. Le rapport bénéfice/risque de ce dépistage a fait l’objet de controverses en raison notamment d’une efficacité limitée.
Un récent travail (méta-analyse et modélisation), publié dans International Journal of Cancer (Lire), fournit de nouvelles données sur la réduction de la mortalité liée au dépistage par mammographie en Europe.
Le consortium européen EU-TOPIA s’est basé sur le recensement exhaustif de 60 études (36 études de cohorte, 17 cas-témoins et 7 essais randomisés). A partir des 19 études répondant à des critères de bonne qualité, la réduction moyenne de la mortalité est d’environ 34% chez les femmes participant à un programme de dépistage (42.000 décès/an par cancer du sein et 21.000 décès évités). D’importantes différences existent entre les pays d’Europe (Figure).
A partir des données de couverture fournies par chaque pays, les auteurs ont également estimé la réduction additionnelle de la mortalité si toutes les femmes étaient dépistées (Figure). Le gain moyen est de l’ordre de 20% et il est particulièrement marqué en Europe de l’est avec un supplément de 3.000 décès/an (33%) qui seraient évités.
Cette évaluation montre globalement une bonne efficacité des programmes de dépistage organisé du cancer du sein. Elle révèle surtout un potentiel important de décès évitables par une couverture optimale du dépistage. Malgré certaines limitations (hypothèses de similarité entre campagnes organisées et individuelles, extrapolation linéaire dans la modélisation,..), cette étude fournit des résultats essentiels dans l’évaluation de la balance bénéfice/risque des mammographies de dépistage.
En France, 60.000 nouveaux cas de cancer du sein sont détectés chaque année, responsables d’environ 10.000 décès. Les femmes âgées de 50 à 74 ans, sans symptômes ni facteurs de risque, bénéficient d’une mammographie de dépistage tous les 2 ans. L’adhérence au dépistage est de l’ordre de 50%. Une meilleure surveillance gynécologique et une sensibilisation accrue au risque de survenue d’un cancer du sein (Octobre Rose par exemple) pourraient certainement améliorer l’efficacité des mesures de prévention.