L’appendicectomie reste l’une des interventions chirurgicales les plus fréquentes. Peut-on l’éviter par une prise en charge médicale ? Un traitement antibiotique a été proposé comme une alternative à la chirurgie. Des études antérieures n’ont cependant pas permis de conclure, alimentant ainsi la controverse. Le débat est relancé aujourd’hui avec de nouveaux résultats publiés dans le New England Journal of Medicine (Lire). Il s’agit d’un essai randomisé, réalisé chez des adultes à partir de 25 centres aux USA et comparant le statut de santé, évalué à l’aide d’un questionnaire validé, 30 jours après un traitement antibiotique de 10 jours (776 sujets) ou une appendicectomie (776 sujets).  Le résultat principal montre que le traitement antibiotique n’est pas inférieur à l’appendicectomie. Cependant, dans le groupe recevant une antibiothérapie, 29% ont subi une appendicectomie dans les 3 mois et les complications notamment infectieuses étaient plus fréquentes (8.1%) comparées à l’appendicectomie (3.5%). La fréquence d’évènements adverses graves était similaire dans les 2 groupes. Un part importante des récidives et/ou des complications chez les sujets recevant des antibiotiques pouvaient être attribuée à la présence initiale d’un stercolithe visible au scanner.    

Commentaires

En France, plus de 50.000 appendicectomies/an sont encore pratiquées. Peut-on réduire le nombre d’intervention en proposant une alternative thérapeutique efficace et sûre ? Cette nouvelle étude apporte une contribution importante en soulignant notamment l’importance des facteurs pronostiques à prendre en compte dans l’évaluation individuelle du rapport risque/bénéfice de la prise en charge médicale ou chirurgicale. Une meilleure stratification initiale du risque pourrait conduire à une prise en charge médicale plus fréquente des appendicites, permettant en outre une réduction des coûts associés (diminution des hospitalisations, reprise plus rapide de l’activité,..). Le contexte actuel de restrictions sanitaires lié à l’épidémie COVID-19  (report, priorisation d’interventions) pourrait également modifier les algorithmes de décisions dans la pratique médicale.