L’espoir soulevé par la vaccination n’arrête pas les avancées thérapeutiques. Jusqu’à présent, seule la dexaméthazone s’était révélée efficace dans les formes graves de COVID-19 et avait fait l’objet de recommandations. Un autre anti-inflammatoire prouve aujourd’hui son efficacité.

Le tocilizumab, une molécule ancienne

Utilisé dans certaines maladies à composante auto-immune, notamment la polyarthrite rhumatoïde, le tocilizumad est un anticorps monoclonal qui bloque la fixation de l’interleukine-6 sur ses récepteurs. Ses propriétés anti-inflammatoires l’ont positionné comme candidat dans le traitement des formes graves de COVID-19.

Des résultats antérieurs mitigés

Plusieurs essais avaient précédemment évalué l’efficacité du tocilizumab, notamment en France (essai CORIMUNO-TOCI-1), mais sans permettre de conclusion claire en raison du nombre limité de sujets inclus (généralement moins de 100 patients).

Plus de 2 000 sujets inclus dans l’essai britannique RECOVERY

Les sujets hospitalisés pour COVD-19 devaient nécessiter une oxygénothérapie et présenter une inflammation systémique (protéine C réactive > 75mg/L). Après tirage au sort, ils recevaient un traitement standard avec ou sans tocilizumab (400 mg en injection IV unique). La grande majorité (82%) recevait un traitement corticoïde. 

Une réduction de la mortalité à 28 jours

Le nombre de décès est significativement plus faible chez les sujets recevant le tocilizumab comparé au traitement standard (596/2022 versus 694/2094) avec un risque relatif de 0.86 (intervalle de confiance à 95% : 0.77-0.96). De plus, le recours à une ventilation assistée est moins fréquent dans le groupe tocilizumab et la durée d’hospitalisation est réduite. Les évènements indésirables sont peu fréquents. Ces premiers résultats sont diffusés sur le site de prépublication MedRxiv (Lire)

Vers de nouvelles recommendations

Comparé à la dexaméthasone qui réduit la mortalité d’un tiers, l’impact du tocilizumab ne semble pas pour autant mineur. Associé aux corticoïdes, il permettrait d’éviter un décès en traitant 25 patients. Ces résultats sont de nature à modifier les pratiques médicales sur la base de données fiables à niveau de preuve élevé. Le coût élevé de ce traitement pourrait néanmoins limiter sa généralisation.

D’autres perspectives thérapeutiques

RECOVERY reste aujourd’hui le plus vaste essai remarquable notamment par la vitesse d’inclusion des sujets sans précédent (plus de 30.000 en quelques mois). Sa conception « adaptative » permet l’évaluation de nouveaux traitements en fonction de l’avancée des connaissances. Certaines procédures (plasmathérapie, anticorps monoclonaux,..) pourraient s’avérer efficace à des stades différents de la maladie.

Face aux efforts gigantesques de la recherche, les progrès thérapeutiques se font à petits pas mais ils sont réels.