En l’absence de vaccin, la prévention de COVID-19 repose essentiellement sur des mesures barrières. L’approche pharmacologique a été peu étudiée. L’efficacité de l’hydroxychloroquine a été évaluée dans un essai randomisé, en double aveugle contre placebo, chez des sujets sains en contact avec des malades COVID-19 (plus de 10 minutes à moins de 2 m sans protection particulière). Dans les 4 jours suivant cette exposition, les participants recevaient soit 600 mg /j d’hydroxychloroquine pendant 4 jours (1400 mg le 1er jour) soit un placebo. Un total de 821 adultes ont été recrutés aux USA et au Canada. Il s’agissait le plus souvent de personnels soignants, jeunes (moyenne : 40 ans) et sans comorbidités associées.

Les résultats, publiés le 3 juin dans le New England Journal of Medicine [Lire], montrent que l’apparition de symptômes évocateurs de COVI-19 dans les 14 jours suivant l’exposition ne diffère pas significativement entre les 2 groupes (12 % versus 14 % respectivement dans le groupe hydroxychloroquine et pacebo). Le diagnostic a pu être confirmé dans 3 % et 2 % respectivement.  Aucun décès n’a été observé. Un évènement indésirable mineur (troubles digestifs le plus souvent) est survenu chez environ 40 % du groupe hydroxychloroquine versus 17 % dans le groupe placebo (différence hautement significative).

Malgré la qualité de la méthodologie mise en œuvre, cet essai n’est pas exempt de limitations (absence de diagnostic validé et d’évaluation fiable de l’observance) et soulève des questions. Il reste en particulier difficile de différentier un effet préventif pur (avant contamination virale) d’une progression ralentie de la maladie chez un sujet atteint. La validité externe n’est pas non plus complétement assurée et la généralisation des résultats à des sujets à haut risque (âge avancé, obésité,…) n’est pas claire. Ces résultats apportent néanmoins un argument solide contre l’utilisation d’hydroxychloroquine en prévention de COVD-19. Avec les résultats de l’essai britannique RECOVERY portant sur des patients COVID-19 hospitalisés, rendus publics le 6 juin [Lire], mais encore non publiés, Il devient hautement probable que l’hydroxychloroquine n’a aucune efficacité dans ce contexte et peut certainement générer des effets indésirables.