L’épidémie de coronavirus s’est propagée de la Chine à 30 pays. Quels sont les risques d’extension au continent africain ? Avec près de 80.000 cas recensés dans le monde dont 3.000 cas hors de Chine, l’épidémie de COVID-19 continue sa progression. Elle a provoqué plus 2.500 décès essentiellement en Chine. Longtemps épargné, le continent africain compte un premier cas de maladie en Egypte. L’Afrique est-elle menacée et comment peut-elle faire face à une pandémie ? Une étude française pilotée par l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique (Inserm U1136) tente de répondre à ces questions dans un travail de modélisation publié dans The Lancet […]

A partir du nombre de cas déclarés par province chinoise et des données de trafic aérien entre la Chine et les pays africains, le risque d’importation de COVID-19 a été estimé. Parallèlement, la capacité de chaque pays à détecter et prendre en charge les nouveaux cas a été évaluée en tenant compte de 2 indicateurs: (1) une déclaration annuelle obligatoire auprès de l’OMS (State Party Self-Assessment Annual Reporting-SPAR) qui permet de connaître le potentiel d’un pays à faire face à une épidémie. C’est un score compris entre 0 et 100 (potentiel optimal) basé sur 24 items (équipement et personnel médical, structures et organisation, communication,..) et (2) un indicateur de vulnérabilité (Infectious Disease Vulnerability Index- IDVI) reposant sur des critères généraux (démographiques, sociaux-économiques, environnementaux et politiques). 

Les résultats montrent que l’Égypte, l’Algérie et l’Afrique du Sud sont les pays présentant le risque d’importation le plus élevé. Ces pays ont cependant une bonne capacité de réponse à une épidémie. Les pays à risque modéré (Nigéria, Éthiopie, Soudan, Angola, Tanzanie, Ghana et Kenya) ont une capacité variable et une grande vulnérabilité (scores SPAR et IDVI faibles) pouvant faire craindre une dissémination rapide du coronavirus.  

Ces données soulignent la nécessité de renforcer la capacité de nombreux pays africains à détecter les cas importés de COVID-19 et à prendre en charge les malades. L’augmentation des ressources dédiées à la prévention devrait être une priorité pour limiter le risque d’épidémie sur le continent africain.