A côté des mesures de prévention, la recherche sur le traitement de COVID-19 porte tous les espoirs. Face à COVID-19, il est très peu probable qu’un vaccin ne soit disponible avant 1 an et il n’existe à ce jour aucun traitement d’efficacité prouvée.
Discovery : un vaste essai clinique lancé en Europe.
Cet essai a pour but d’évaluer différents traitements médicamenteux de la maladie. Piloté par l’Inserm et ses partenaires d’Aviesan, REACTing (REsearch and ACTion targeting emerging infectious disease) est un consortium réunissant plusieurs groupe de recherche français et chargé de coordonner cet essai.
Il s’agit d’un essai multicentrique, ouvert, qui doit inclure environ 3.200 patients hospitalisés pour une forme grave de COVID-19. Après tirage au sort, les patients sont répartis en 4 groupes : (1) traitement standard symptomatique et non spécifique (oxygénation, hydratation,..), (2) traitement standard + Remdesivir (antiviral déjà testé contre la fièvre Ebola), (3) traitement standard + Kaletra (association antivirale ritonavir/lopinavir indiquée dans le traitement du SIDA), (4) traitement standard + Kaletra + Interféron bêta.
En France, environ 800 patients doivent être inclus. Cinq centres participent à l’essai (Paris-Hôpital Bichat, Nantes, Strasbourg, Lille et Lyon). Le nombre de sujets pourraient être augmenté et d’autres centres pourraient être ouverts. De plus cet essai est « adaptatif », un traitement inefficace pouvant être remplacé par un autre.
Le critère de jugement principal est l’évolution clinique à 15 jours jugée sur une échelle en 7 points. La mortalité à 1 mois est également un critère privilégié.
Des premiers résultats sont attendus dans quelques semaines. Le bras d’essai Kaletra + Interféron est particulièrement intéressant connaissant les résultats plutôt négatifs de l’essai Kaletra seul récemment publiés.
Pourquoi et comment la chloroquine s’intègre-t-elle dans l’essai Discovery ?
Largement médiatisée et très controversée, la chloroquine – un médicament très répandu contre le paludisme- a été proposée dans le traitement de COVID-19. Des données biologiques suggèrent un effet bénéfique de cette molécule dans la lutte contre le coronavirus SARS-CoV-2 et un premier essai clinique réalisé par une équipe marseillaise a donné des résultats encourageants (hydroxy-chloroquine + azythromycine). Cet essai, publié en « pre-proof » dans J Antimicrobial Agents […], comporte néanmoins de nombreuses limitations (absence de tirage au sort, perdus de vue, faible nombre de sujets, évaluation de la charge virale sans critères cliniques,..).
Sur la base de ces résultats et grâce à une procédure administrative accélérée, il a été décidé d’inclure un bras hydroxy-chloroquine dans l’essai Discovery. Ainsi l’efficacité et la tolérance de la chloroquine pourrait être rapidement confirmée sur une base scientifique claire. Cette décision constitue probablement le meilleur compromis entre des exigences méthodologiques parfois rigides et des impératifs de soins particulièrement visibles dans les services de réanimation. Même en situation d’urgence, l’utilisation actuelle de chloroquine « hors indication » pose des problèmes éthiques et déontologiques que devrait résoudre l’essai Discovery.