La course aux vaccins s’accélère et les informations sur l’efficacité et la sécurité des cinq principaux candidats se sont récemment accumulées dans des communiqués de presse. En attendant les publications scientifiques, ces résultats préliminaires seront soumis à validation par les agences réglementaires et des autorisations provisoires pourraient être accordées très prochainement.   

Les vaccins développés par Pfizer/BioNtech et Moderna (USA) sont les plus avancés et utilisent la même technologie (Vaccin ARN) (Lire). L’injection d’ARN va déclencher la production cellulaire d’une protéine virale (protéine Spike qui constitue la couronne du coronavirus) qui va induire une réaction immunitaire. Le vaccin ne peut ni transmettre la maladie ni modifier le génome.  Ces techniques sont utilisées depuis plusieurs années dans des maladies infectieuses (Infections à cytomégalovirus, Chikungunya,..).

Les résultats préliminaires des essais de phase III sont impressionnants avec une efficacité voisine de 95% (Pfizer/BioNtech :  8 cas sur  41.135 sujets vaccinés et 162 cas sur 2.526 sujets recevant un placebo;  Moderna : 5 cas sur  25.654 sujets vaccinés et 90 cas sur 4.346 sujets recevant un placebo). Aucun effet indésirable grave n’est observé. Une fatigue intense, des céphalées, des douleurs musculaires et/ou articulaires, une réaction au point d’injection sont les effets adverses les plus fréquemment rapportés (<10%). Deux injections à 21 jours d’intervalle sont nécessaires. Le stockage à – 70° C (Pfizer/BioNtech) ou -20° C (Moderna) est un inconvénient majeur pour la logistique de distribution des vaccins.

Le vaccin développé par AstraZeneca/Oxford University  utilise un vecteur viral composé d’un adénovirus modifié, non infectant, incorporant dans son ADN le gène codant pour la protéine Spike du SARS-CoV-2 (Lire). Ce vaccin ne peut pas transmettre la maladie.

L’analyse des données préliminaires est moins claire en raison d’une erreur de dosage : 1/2 dose initiale + dose complète à 1 mois pour 2.741 sujets et dose complète initialement et à 1 mois pour 8.895 sujets. Au total, 131 cas ont été déclarés sans que l’on connaisse la répartition précise. L’efficacité est estimée globalement à 70% (62% avec la dose complète et 92% avec la ½ dose). Aucun cas sévère ni effet adverse grave n’est rapporté chez les sujets vaccinés. L’absence de sujets âgés de plus de 55 ans dans le groupe ½ dose à efficacité supérieure pose problème. Une meilleure transparence dans la communication est nécessaire. Le lancement d’une étude complémentaire visant à préciser l’efficacité réelle du schéma ½ dose devrait lever des doutes. Un avantage certain de ce vaccin concerne le stockage dans un réfrigérateur standard. De plus, il serait distribué à prix coûtant (environ 2 € contre 15-20 € pour les 2 précédents).

Le vaccin russe Sputnik V utilise également un vecteur viral de type adénovirus. L’analyse des données préliminaires sur 18.794 sujets révèlent une efficacité de 91%. Aucun effet indésirable grave n’est rapporté. Le stockage est possible dans un réfrigérateur standard et le coût est modéré (8 €). (Lire)   

En Chine, Sinovac et Cansino produisent des vaccins à base de virus SARS-CoV-2 inactivé (technique classique des vaccins contre la grippe). On ne dispose pas d’informations fiables sur le développement de ces vaccins. Plus de 25.000 sujets dans le monde seraient inclus dans des essais de phase III. D’autres sources indiquent qu’un million de personnes auraient déjà été vaccinées en Chine. Les vaccins sont autorités chez les militaires et les personnels de santé. (Lire)

Globalement, toutes ces premières données suggèrent qu’une procédure de vaccination efficace et sûre sera disponible très prochainement. Il paraît déjà bien établi que le bénéfice considérable de la vaccination (protection individuelle et collective, fin des mesures de restriction, ..) l’emportera largement sur les risques jugés minimes. Des zones d’ombre devront néanmoins être éclaircies. Quelle est l’efficacité de la vaccination chez les personnes vulnérables (âge avancé, comorbidités,..). Quelle est la nature de la protection (formes sévères ? degré de contagion si vacciné mais infecté ?) et quelle est sa durée ? Quel sera l’impact sur l’évolution de la pandémie en fonction de la couverture vaccinale ? Enfin, la participation aux essais randomisés contre placebo soulèvera des problèmes éthiques quand la vaccination sera effective.

En France, les vaccins Pfizer/BioNtech et Moderna seront vraisemblablement les premiers à être utilisés. Des dizaines de millions de doses ont été sécurisées via l’Union Européenne. Les personnes exposées et les sujets vulnérables (Ephad, âge avancé,..) seront ciblés en priorité dans une stratégie en 5 phases définie ce jour par la Haute Autorité de Santé (Lire). On attend le calendrier. La course aux vaccins est lancé depuis des mois, la guerre de la communication ne fait que commencer!