L’annonce par Pfizer-BioNTech d’un vaccin efficace et disponible dans les mois à venir suscite un énorme espoir dans la bataille contre la COVID-19.On peut même parler d’un exploit scientifique en santé publique.

Une avancée technologique majeure : les vaccins à ARN messager utilisent une approche innovante. Ce n’est plus un agent pathogène qui va stimuler les défenses immunitaires mais l’injection d’une séquence génétique du virus qui va induire la fabrication par l’organisme d’une protéine virale (la protéine Spike du virus SARS-Cov2) déclenchant elle-même une réaction cellulaire avec production d’anticorps.   

Une vitesse de développement sans précédent : l’essai de phase III (randomisé en double aveugle contre placebo), débuté en juillet 2020, a permis d’inclure plus de 40.000 sujets. L’analyse intermédiaire montre une efficacité du vaccin de 90 % (basée sur environ 100 cas de maladie). C’est bien meilleur que toutes les prévisions et comparable au vaccin de la rougeole actuellement le plus efficace.

MAIS…. ces données prometteuses n’ont pas été validées par une publication scientifique et elles soulèvent de nombreuses interrogations.

Les résultats sont-ils généralisables à l’ensemble de la population (personnes âgées qui ont une immunité diminuée, enfants,…) et  à la prévention de toutes les formes cliniques (asymptomatiques, hospitalisées, fatales,…) ?

Quelle est la durée de la protection ?

La bonne sécurité initiale du vaccin (absence d’effets adverses graves) sera-t- elle confirmée sur le plus long terme? 

Quelle sera l’efficacité réelle pour enrayer l’épidémie en fonction du taux de couverture (50% des français sont hostiles à la vaccination!) ?

Quel sera l’impact du vaccin en cas de mutation du virus ?   

Comment seront gérées la production et la distribution (par exemple, stockage impératif à – 70°C, une contrainte forte) ?

Si les critères d’efficacité et de tolérance à court terme semblent acquis dans des conditions « expérimentales », le succès final du vaccin reste à l’évidence un énorme pari. Son calendrier demeure incertain avec une homologation prévue avant la fin de l’année et des transactions internationales qui s’annoncent complexes. Plus de 10 essais d’envergure sont en cours dans le monde (Moderna aux USA, AstraZeneca en UK,..). La convergence des résultats sera aussi un élément-clé du succès.