Les problèmes de santé liés au confinement durant la pandémie COVID-19 restent mal connus. Une équipe française de l’Hôpital Georges Pompidou (Centre de Recherche Cardiovasculaire, Inserm, Paris) a estimé le taux d’arrêts cardiaques, hors hôpital, d’origine non traumatique, survenant chez les adultes pendant la période de confinement (6 semaines :16 mars au 26 avril 2020). Les données ont été recueillies à partir du Centre d’Expertise de la Mort Subite en lien avec la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris couvrant la métropole et 3 départements de la banlieu. Ce registre fonctionne depuis 2011 et les données collectées durant la même période de 2012 à 2019 ont servi de référence. Les résultats, publiés dans The Lancet Public Health [Lire], montrent que le taux d’arrêt cardiaque (Figure) a presque doublé pendant le confinement (26.6 versus 13.4 par million d’habitants pendant la période de référence). Les caractéristiques démographiques (âge, sexe,..) étaient sensiblement identiques pendant la pandémie et la période de référence. En revanche, les arrêts cardiaques étaient plus souvent observés au domicile (90% versus 77%), avec délai d’intervention plus long, un recours moins fréquent aux procédures de réanimation (massage cardiaque, défibrillation,..) et surtout un taux d’admission à l’hôpital en vie plus faible 13% versus 23%). La COVID-19 expliquait seulement un tiers de l’incidence en excès.

Bien que la proportion de diagnostic positif COVID-19 soit imprécise , cette étude suggère que de nombreux arrêts cardiaques extrahospitaliers dus à une autre cause (infarctus du myocarde,..) sont survenus pendant la période de confinement.  Ces effets collatéraux liés à la pandémie peuvent être en partie attribués aux modifications profondes des services de soins (saturation des urgences hospitalières) mais aussi aux changements de comportements individuels (isolation sociale, reports de consultation, annulation de procédures/interventions jugées non urgentes,..). On peut également déduire de cette étude que la léthalité et la mortalité de la COVID-19 peuvent être sous-estimées (les statistiques de décès ne prennent pas en compte les morts à domicile). Tous ces résultats à confirmer et préciser devraient être pris en compte dans la mise en œuvre des futures stratégies en santé publique.