Les résultats préliminaires de l’essai SOLIDARITY, piloté par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), ont été rendu publics. Quatre traitements (Hydroxychloroquine, Remdevisir, Lopinavir, Interféron-beta1a) ont été évalués chez plus de 11.000 patients COVID-19, hospitalisés dans 405 centres répartis dans 30 pays et inclus dans un essai randomisé, ouvert et adaptatif (Hydroxychloroquine et Lopinavir abandonnés en juin pour manque d’efficacité, anticorps monoclonaux et autres traitements introduits récemment). Le critère de jugement principal était la mortalité hospitalière à 28 jours (taux global : 12%). Comparé à la prise en charge standard, aucun des traitements additionnels ne permettait de réduire significativement la mortalité (risque relatif et intervalle de confiance à 95%) : Remdevisir – 5% (0.95 ; 0.81-1.11), Hydroxychloroquine +19% (1.19 ; 0.89-1.59), Lopinavir 0% (1.00 ; 0.79-1.25) et Interféron +16% (1.16 ; 0.96-1.39). Le recours à une assistance ventilatoire et la durée d’hospitalisation ne différaient pas significativement entre les groupes de traitement (Lire).    

Commentaires.

L’essai SOLIDARITY est remarquable par son ampleur (30 pays) et sa rapidité de mise en œuvre (quelques mois). Il apporte la preuve qu’il est possible d’établir des résultats fiables à partir d’un projet collaboratif initié à l’échelle mondiale. Il s’oppose ainsi aux études anecdotiques sur-interprétées, certaines ayant conduit récemment à des pratiques médicales injustifiées voire dangereuses.

Quelques limites de l’essai SOLIDARITY sont perceptibles (absence de double aveugle pouvant induire un manque de comparabilité entre les groupes au cours du temps, puissance statistique parfois limitée pour identifier des effets modestes, dilution des traitements dans les procédures multiples de prise en charge, effet confondant de la dexaméthazone dont l’efficacité est établie pour améliorer la survie,..).

Les résultats de l’essai SOLIDARITY ne semblent pas en mesure de clore le débat sur le Remdevisir toujours recommandé aux USA dans les formes sévères de COVID-19. La méta-analyse que présente les auteurs (figure 4 du pre-print) montre une réduction de 20% de la mortalité chez les sujets hospitalisés à  plus faible risque (réduction significative si l’on considère l’intervalle de confiance à 95% et non 99% comme indiqué).

Finalement, la recherche d’effets indésirables est fondamentale pour établir le rapport risque/bénéfice d’un traitement. En combinant les essais DISCOVERY et SOLIDARITY, la mortalité globale liée à l’hydroxychloroquine augmente de 11% à la limite de la signification. L’utilisation d’un critère de jugement complémentaire (mortalité et/ou recours à une assistance ventilatoire) pourrait  permettre d’établir clairement la dangerosité de ce traitement.

Dans le contexte actuel d’exigence scientifique, il est important de souligner que les résultats de SOLIDARITY n’ont pas été évalués par les pairs imposant ainsi la prudence avant leur publication prévue dans le New England Journal of Medicine.