Une ménopause prématurée expose à des complications qui justifient souvent un traitement hormonal. Mais quel traitement ? La ménopause peut survenir prématurément avant l’âge de 40 ans, soit après une intervention chirurgicale (ovariectomie bilatérale) ou spontanément (insuffisance ovarienne prématurée). Elle expose à un risque accru d’ostéoporose pouvant se compliquer de fracture osseuse mais aussi à des complications cardio-vasculaires liées à l’athéroclérose. Publiée dans le JAMA […] , une étude de cohorte, réalisée chez 144.260 femmes ménopausées (United Kingdom Biobank) et suivies en moyenne 7 ans, confirme l’excès de risque cardiovasculaire (infarctus du myocarde, AVC,..), chez les femmes ayant une ménopause prématurée (chirurgicale ou spontanée). Surtout, cette étude établit une association entre la survenue prématurée de la ménopause et une augmentation du risque de maladie veineuse thromboembolique (MVTE) sous forme de phlébite et/ou d’embolie pulmonaire. Cet excès de risque ne peut s’expliquer par les facteurs de risques connus de MVTE (obésité,..) et son mécanisme sous-jacent reste méconnu.
Ce résultat, suggéré par des études antérieures […], a des implications dans le traitement hormonal de la ménopause prématurée. On sait que les estrogènes, fréquemment utilisés dans ce contexte, augmentent le risque de MVTE lorsqu’ils sont administrés par voie orale (pratique dominante dans les pays anglo-saxons). Ces femmes sont donc doublement exposées au risque de MVTE, par leur statut ménopausique et leur traitement. Ce problème, éludé par les auteurs de l’étude, fait l’objet d’un commentaire publié le 29 avril dans le JAMA […]. Il est rappelé que l’administration transdermique d’estrogènes (fréquemment utilisée en France) n’induit aucune modification du risque de MVTE. Combiné à la progestérone naturelle, ils restent le traitement de choix chez les femmes à risque augmenté de MVTE. A côté de l’obésité, l’âge de la ménopause apparaît comme un nouveau facteur de risque qui doit être pris en compte dans l’évaluation individuelle du rapport risque/bénéfice du traitement hormonal de la ménopause.