Très attendus, ces tests révèlent déjà leurs limites. Présentés comme la solution à de nombreux problèmes, les tests sérologiques permettant la détection dans le sang d’anticorps dirigés contre SARS-COV-2 devront faire la preuve de leur potentiel. C’est le message d’un article publié le 18 avril dans Nature [] faisant le point sur le développement de cet outil diagnostique qui permet d’estimer la réponse immunitaire d’un individu exposé au virus.

Face à la pandémie, les entreprises de biotechnologie se sont ruées sur la production de kits, inondant le marché et conduisant à des tests insuffisamment évalués et parfois aux performances médiocres.  Dans le contexte d’urgence, de nombreuses agences sanitaires ont assoupli les règles d’utilisation de ces tests. Mais leur développement a rapidement soulevé de nombreuses questions concernant leurs caractéristiques métrologiques et notamment leur aptitude, parfois limitée, à détecter des anticorps chez les sujets possédant des anticorps (sensibilité parfois inférieure à 80% expliquant de nombreux faux négatifs) et, moins souvent, à donner un résultat négatif en l’absence d’anticorps (spécificité). D’autres facteurs rendent difficiles l’interprétation des tests sérologiques : délai de séroconversion incertain (intervalle entre la contamination et l’apparition d’anticorps), durée de l’immunité inconnue soulevant même la possibilité d’une nouvelle infection.

Malgré toutes ces limites, des études de séroprévalence ont été lancées en population et Nature relaie des premiers résultats publiés en « preprint » sur le site Medrxiv [] . Une étude, réalisée fin mars dans le comté de Santa Clara, Californie, USA, à partir d’un échantillon 3.330 sujets issu de la population générale, a permis d’estimer à 2.8% (intervalle de confiance à 95% : 2,2-3.4%) la prévalence des sujets présentant un test positif. En tenant compte des performances du test, la prévalence variait de 2.5 à 4.2% soit un nombre de sujets positifs 50 à 85 fois plus élevé que le nombre de cas confirmés et un taux de mortalité de 0.1 à 0.2%.

Les premières données de séroprévalence permettent d’évaluer non seulement l’amplitude réelle de l’épidémie COVID-19 mais aussi le nombre de cas asymptomatiques et la véritable létalité de la maladie. Ces données doivent permettre une meilleure modélisation et des projections plus fiables de la pandémie. Elles devraient constituer à l’avenir un outil précieux pour guider les décisions publiques. Les recherches futures devront préciser l’histoire naturelle de la maladie et le processus d’immunisation au long cours. En attendant la mise au point d’un vaccin, les tests sérologiques ont un réel potentiel mais ils ne sauraient être utilisés comme un « passeport immunitaire ».